Depuis les années 80, l’industrie
textile subit un déclin constant, du fait notamment de la forte concurrence des
pays à faibles coûts salariaux tels que la Chine ou les pays de l’est. Cette
concurrence exacerbée a engendré la perte de milliers d’emplois et la fermeture
de nombreuses usines dans ce secteur autrefois clé en Europe.
C’est ainsi que ces
dernières années, de nombreux industriels traditionnellement orientés vers l’habillement
redéploient leur activité vers des débouchés à haute valeur ajoutée qui échappent
à l’impact des coûts salariaux et permettent de dégager de meilleures marges.
Résultat : les tissus à
usage technique (TUT) sont en pleine expansion, avec des taux de croissance de
l’ordre de 3 à 5 % par an en Europe. La production de textiles techniques, qui peut
être évaluée à partir de la consommation de fibres, a dépassé, ces dernières
années, les 2,5 millions de tonnes pour l’ensemble de l’Union européenne (sur
une consommation totale de 6,2 millions de tonnes). Ces nouvelles fibres
représentent donc 35 % des débouchés textiles (toutes fibres confondues), soit
le même ordre de grandeur qu’aux Etats-Unis et au Japon. Avec un chiffre d’affaires
d’environ 3 milliards d’euros réalisé par environ 400 entreprises, la France
totalise à elle seule 17 % de la production européenne, après l’Allemagne (21
%) et devant le Royaume-Uni et l’Italie (14 %).
Le succès des textiles
techniques s’explique par la grande diversité des domaines d’application :
l’agriculture, le bâtiment, le génie civil, le domaine médical, l’automobile, la
défense militaire et civil, l’électronique, l’industrie, l’environnement… Les textiles à usage
technique sont des matériaux utilisables
dans toutes les branches de l’industrie.
On le voit, les tissus à
usage technique sont promis à un bel avenir. Mais leur développement exigera la
maîtrise de nouvelles technologies permettant de réduire davantage les coûts
(automatisation, stabilité des composants et des procédés). L’avenir des TUT repose
également sur l’amélioration de la flexibilité du système de fabrication, mais aussi
la mise au point de produits à très haute valeur ajoutée tels que les produits
intelligents (smart fibers), produits interactifs ou adaptatifs
(textiles avec « capteurs » d’information et fibres réactives à certaines
informations).
Mais de telles
innovations ne pourront se réaliser que grâce à la mise en œuvre de
technologies clés (capteurs, robotique, traitement de surface, greffage
chimique…) dont certaines ne sont pour l’heure
encore qu’au stade de développement.